La méthode de travail de Satoshi Shiki

Le studio Wrench

Satoshi Shiki travaille avec une équipe de quatre assistants. Leur association constitue le studio Wrench. Chacun de ses assistants a une ou plusieurs spécialités qui peuvent être le tramage, le dessin des décors ou des choses plus originales comme, pour l’un d’entre eux, le dessin des organes et des amas de chair monstrueux que l’on peut croiser dans les planches du mangaka.

Satoshi Shiki dessine seul l’ensemble des personnages et le squelette des décors. Il détermine ensuite les trames qui seront utilisées, ainsi que leur emplacement, et confie leur pose à ses assistants. Ceux-ci dessinent également l’ensemble des décors.

Contrairement à certains mangakas qui ne font appel à leurs assistants qu’après avoir fini de dessiner un chapitre, Satoshi Shiki travaille en permanence avec son équipe. Ceux-ci peuvent poser les trames sur une page qui vient d’être terminée pendant que Satoshi Shiki dessine la page suivante. Il arrive également qu’ils prennent de l’avance en dessinant des décors qui seront nécessaires à la suite du chapitre.

Pour recruter ses assistants, Satoshi Shiki consulte souvent les travaux que les dessinateurs amateurs envoient aux magazines de prépublication pour être publiés. Le mangaka préfère travailler avec des assistants qui ont la volonté de devenir professionnel et évite autant que possible ceux qui ne sont là que pour gagner de l’argent. Enfin, il observe leur travail attentivement afin de choisir ceux dont la technique s’accorde bien à son graphisme.

Si le mangaka donne volontiers des conseils à ses assistants pour les aider, il leur demande en revanche un certain niveau et la maîtrise d’un domaine particulier afin qu’il ne passe pas trop de temps à les encadrer.

Organisation et semaine de travail

Pour éviter l’usure et les tensions qui peuvent se produire quand cinq personnes vivent et travaillent dans un espace réduit, Satoshi Shiki laisse trois jours de repos par semaine à son équipe d’assistants. Du samedi au lundi, ils peuvent souffler et se consacrer à d’autres activités. Satoshi Shiki évite au maximum les nuits blanches, lui et son équipe s’arrêtant souvent de travailler vers 21h.

Le mangaka peut se permettre un tel rythme de travail car il est publié dans des magazines mensuels, ce qui lui laisse davantage de temps pour réaliser le chapitre à fournir. Évidemment, tout cela peut changer à l’approche de la deadline, si la réalisation du prochain épisode a pris du retard…

Satoshi Shiki et ses assistants mettent généralement douze jours pour dessiner un chapitre. Auparavant, le mangaka aura déterminé la mise en cases des scènes qui vont le composer. Ce travail de « story-boarding », pour lequel les dessins ne sont qu’esquissés, se fait en collaboration avec son responsable éditorial (employé par l’éditeur de son travail en cours). Celui-ci conseille Satoshi Shiki, lui donne son sentiment sur son travail et peut également avoir son mot à dire sur le déroulement du scénario du manga.

Si, pour certaines scènes, la mise en cases est presque immédiate, le mangaka peine parfois à concevoir certains passages. Dans ce cas, Satoshi Shiki laisse ses assistants prendre de l’avance sur les pages qui ont déjà été réalisées, pendant qu’il poursuit sa réflexion sur le découpage des planches. Il peut ainsi dessiner une même scène plusieurs fois, en changeant les points de vue et les cadrages, de manière à trouver le meilleur rendu. Il essaye également d’anticiper le mouvement du regard du lecteur et découpe ses pages en conséquence. Satoshi Shiki accorde un soin extrême à la composition de ses planches et il entretient constamment sa réflexion à ce sujet. On observe ainsi régulièrement des changements entre la prépublication et les volumes reliés.

Il arrive également que Satoshi Shiki conçoive des scènes en amont. Lorsque des idées lui viennent, il les note pour pouvoir les ressortir quand le moment sera venu. Lorsque deux scènes clés sont déjà mises en cases, l’auteur n’a plus qu’à « combler les trous » entre ces deux passages.

L’importance des décors

Depuis Kamikaze, les décors ultra-détaillés et réalistes sont l’une des marques de fabrique de Satoshi Shiki, qui forme ses assistants en conséquence. Quand on lui demande pourquoi un tel soin leur est accordé, le mangaka explique d’abord que c’est pour impressionner le lecteur, avant d’avouer leur importance dans la mise en place d’un contexte réaliste saisissant.

Les décors sont toujours dessinés sur la base de photographies. Satoshi Shiki aime en effet se balader un peu partout avec son appareil photo. Au gré de ses périples et des photos que peuvent lui donner ses connaissances, il a ainsi réuni une impressionnante collection de photographies de paysages divers, qu’il utilise ensuite pour le dessin de ses décors.

Technique

Les planches des mangas de Satoshi Shiki sont réalisées en plus grand format (A3) que le format de publication, afin de pouvoir mettre plus de détails dans le dessin (notamment pour les décors) et de rendre ses traits plus fins après redimensionnement pour la publication en magazine, puis en volume relié.

Satoshi Shiki dessine souvent les personnages séparément des décors. Cela lui permet de dessiner ses personnages plus librement et à un format différent. Ensuite, il effectue des photocopies pour redimensionner son dessin afin de pouvoir l’intégrer dans le décor. Pour des cases réunissant plusieurs protagonistes, il arrive même qu’il dessine chaque personnage sur un support différent avant de tous les réunir sur une même case. Les redimensionnements sont alors essentiels pour la cohérence et le respect des proportions.

Notons enfin que, malgré leur utilisation intensive dans ses mangas, Satoshi Shiki n’apprécie pas vraiment le travail avec les trames. En revanche, il aime beaucoup ce qu’il peut faire de son dessin grâce à leur emploi. D’autre part, le mangaka se refuse à utiliser l’ordinateur pour dessiner. Il pense en effet qu’un ordinateur ne peut reproduire la subtilité et la qualité d’un dessin fait à la main.

Inspirations

Malgré leur aspect fantastique et surnaturel, Satoshi Shiki avoue s’inspirer de son vécu pour concevoir les scénarii de ses mangas. Il utilise également parfois la littérature comme base. Ainsi, Kamikaze s’inspire d’un récit japonais intitulé « 8084 Monstres ».

Source

Pen & Ink, The Manga Start-up Guide (édition américaine chez DMP)

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