Interprétations sur le conflit millénaire de Kamikaze

Parce que tout n’est pas forcément clair dans Kamikaze, cet article a pour but de vous faire partager ma vision et mes interprétations à propos de l’œuvre de Satoshi Shiki. Il reprend et détaille les différents points-clés de l’intrigue de Kamikaze et, en s’appuyant sur les dialogues, les situations et les informations fournies par le récit, cherche à en comprendre les rouages et à en percer les mystères. Bonne lecture !

Sommaire

Il y a 1000 ans

L’histoire du conflit qui s’est déroulé il y a mille ans est transmise oralement, de génération en génération, au sein de la tribu de la Terre. C’est cette version du conflit qui est exposée au lecteur au début du volume 2 par Kamuro. Revenons rapidement sur ces événements.

Alors que l’homme, toujours en quête de progrès, s’était éloigné de la nature, les quatre-vingt-huit fauves sont apparus sur Terre. Avec la destruction pour unique objectif, ils tuaient et anéantissaient tout ce que l’homme avait construit. Les humains ne pouvaient rien contre eux. C’est alors qu’apparurent les descendants des tribus originelles, cinq hommes correspondant aux cinq éléments (Feu, Vent, Terre, Eau, Néant). Dotés de pouvoirs spéciaux, ils vainquirent les bêtes et les scellèrent dans une autre dimension. Avant de disparaître, les monstres réussirent à prendre le contrôle des lignées du Feu, du Vent et du Néant pour que, le moment venu, ces tribus œuvrent pour leur retour sur Terre.

Entre les imprécisions et les omissions, on ne peut pas dire que cette version du conflit soit correcte. Sa principale erreur est de mettre Kayano au même niveau que les hommes de Kegaï apparus pour sauver l’humanité, ce qui est faux. On le sait, Kayano, chef de la Tribu du Néant, existe depuis des millénaires (voir partie suivante). En tant qu’arbitre de l’humanité, il est l’élément déclencheur des deux conflits millénaires. Les 88 monstres, eux, constituent la tribu du Néant et, de ce fait, appartiennent au peuple de Kegaï.

On peut alors se demander pourquoi l’histoire du premier conflit a été déformée. On le voit, dans le flash-back du volume 4, les jeunes Higa et Kaede ne connaissent rien du chef du peuple du Néant alors que Sae et Daïdara semblent en savoir davantage. Pourquoi dissimuler le rôle de Kayano dans ces conflits millénaires ?

Peut-être est-ce pour masquer l’aspect fratricide de cette guerre interne au peuple de Kegaï. En effet, Kayano et ses monstres appartiennent autant à ce peuple que les membres des autres tribus. Le lien qui les unit est symbolisé par Kamikaze, le sabre qui a autant d’effet sur les uns que sur les autres. Cacher ce « détail » aux jeunes générations permet de réduire ce conflit à une simple lutte entre des races incompatibles (comme l’affirme Sae dans le volume 3). Cela évite les « cas de conscience » et autres interrogations insistantes. Tout a été fait pour que les membres des tribus de Kegaï se sentent impliqués dans le conflit sans se poser de questions. Cela ne sera pas toujours le cas, surtout dans le conflit actuel où les jeunes s’interrogent beaucoup et remettent en cause les vieilles traditions et légendes (cf. Interlude au début du volume 6). Tout l’enjeu du second conflit est justement de détruire le lien qui existe entre les monstres et le peuple de Kegaï, pour en finir avec ce destin sanglant.

Un destin de solitude

Pendant des millénaires, Kayano a erré seul, en tant que conscience, à la recherche d’une raison d’exister. A l’issue de sa réflexion, il a acquis un corps et un objectif. Il est l’incarnation de la négativité de l’homme. A chaque fois que celui-ci s’éloigne de la nature, il produit une force qui vient renforcer Kayano. Exprimer cette force négative et en détruire la source est la raison que s’est trouvé l’homme du Néant pour vivre. Dit comme cela, il serait donc un messager, un représentant de Dieu (quoi que Dieu puisse représenter), un arbitre chargé d’observer et de punir l’homme pour ses péchés vis à vis de la planète.

Il y a mille ans, sous l’effet de la force négative produite par les humains, Kayano est passé du statut de spectateur à celui d’acteur. Ce fut le déclenchement du premier conflit et l’apparition des 88 monstres sur Terre. Ces créatures sont des fantômes du passé, issus d’une époque où la spiritualité et les superstitions avaient davantage d’influence sur les hommes. L’apparence de « yôkai » (des créatures extraites du folklore japonais) que leur a donnée Satoshi Shiki n’est d’ailleurs pas anodine.

Mille ans plus tard, l’histoire se répète. Kayano revient aujourd’hui, plus puissant que jamais, tant la force négative produite par l’homme est importante. Après l’apparition des hommes de Kegaï et des deux sabres Kamikaze (dont on ne connaît pas l’origine) il y a mille ans, aujourd’hui, c’est l’intervention d’un deuxième arbitre qui vient contrecarrer sa volonté. Contrairement à Kayano, ce nouvel observateur n’a pas été envoyé pour surveiller l’humanité, mais pour affaiblir l’homme du Néant afin de rétablir un équilibre.

L’arrivée de Kayano en tant qu’acteur dans la guerre qui se déroule actuellement n’est pas immédiate et suit une évolution progressive. Il apparaît d’abord sous la forme d’un enfant. A ce stade de son évolution, il se sait chef des quatre-vingt-huit monstres, à qui il ordonne de semer la terreur parmi les hommes, et se fait appeler Otoroshi. Cependant, il ignore tout de sa véritable identité et de ses objectifs. Il n’en reste pas moins machiavélique et manipulateur. En plus de son contrôle sur les fauves, il a le pouvoir d’influencer les humains vers leurs aspects les plus cruels. Sa croissance est rapide et se manifeste par les marques sur son visage qui grandissent en même temps que son corps se développe et se renforce. Elle s’accompagne du retour progressif de sa mémoire et de ses objectifs : l’ouverture de son Torii, le retour de sa fille Bishagatsuku, la libération des 88 monstres et la destruction pure et simple des êtres humains. A la fin de sa croissance, c’est toute sa détresse qui lui revient.

Détresse causée par une vie de solitude et une existence éternelle. Détresse, surtout, face à l’humanité et à toutes les horreurs qu’elle provoque. Ses fauves ne seraient-ils pas la matérialisation de cette détresse ? Les monstres qui jaillissent de son corps alors qu’il est au sommet du désespoir à la fin du volume 7 vont en tout cas dans ce sens.

La libération des 88 monstres n’est pas l’objectif réel de Kayano. Ceux-ci sont davantage un moyen qu’une fin. On le voit bien au cours du combat final. Mettant toute la force du peuple du Néant au service de son duel contre Ishigami, Kayano ignore le Torii de l’eau qu’il a enfin trouvé et cause même sa destruction. Davantage encore que la « punition » de l’humanité, le but réel de Kayano est de se libérer de son destin, de mourir si tant est que cela puisse lui être possible. C’est pour cela qu’il a créé une harmonie devant lui offrir un terrain propice à une guerre totale. Pour lui, la libération pourrait venir de sa victoire comme de sa défaite. S’il remporte le second conflit, son rôle sera terminé, son existence n’aura plus de sens et devra donc cesser. Dans l’autre cas, il suppose que sa défaite ne peut venir que de sa mort. Dans un cas comme dans l’autre, il atteindrait son but ultime.

Pendant longtemps, Kayano est persuadé que Kamuro Ishigami, l’homme de la Terre, est celui qui pourra le libérer. Ce ne sera pas le cas. Même face aux deux sabres Kamikaze réunis, qui étaient pourtant sa grande crainte, Kayano survit. En fait, la personne qu’il attendait était Misao Mikogami, chef de la Tribu de l’Eau. Grâce à son pouvoir purificateur, elle l’apaisera et lui offrira la libération tant espérée.

Contrôle et manipulation

La manipulation et l’hypnose semblent être les principaux pouvoirs de Kayano. A plusieurs reprises, on le voit user de sa capacité à influencer les consciences. En tant qu’Otoroshi, il fera notamment une démonstration de ses talents en amenant les hommes se situant aux alentours vers leurs côtés les plus obscurs (peur, égoïsme, violence…).

Après son échec dans le premier conflit entre les hommes et les 88 monstres, Kayano a utilisé son pouvoir pour mettre en place une harmonie dans laquelle les rôles des acteurs-clés sont fixés d’avance. Kayano voulait tout anticiper, tout prévoir et tout contrôler, afin de n’avoir aucune surprise et d’assurer son succès. Au bout du compte, le second conflit millénaire ne s’est pas déroulé comme il le pensait. Ses pions n’ont pas eu toujours le rôle escompté et, jusqu’au bout, il restera convaincu que sa libération viendra de Kamuro Ishigami, alors que c’est Misao Mikogami qui la lui apportera.

Après le premier conflit millénaire, Kayano a mis en place un schéma hypnotique sur les tribus du Vent et du Feu. Bien qu’inactif, cet envoûtement est présent chez tous les membres de celles-ci. Il ne s’enclenche que le moment venu, lorsque la seconde guerre entre les humains et les 88 fauves se prépare. Pendant des générations, le schéma hypnotique est donc resté en sommeil chez les descendants des tribus du Feu et du Vent. Huit ans avant le début de Kamikaze, Kayano est venu activer son envoûtement.

S’il touche évidemment Higa et Kaede, le conditionnement de Kayano influence également l’ensemble de leurs hommes, qui appartiennent aux tribus du Feu et du Vent. Toutefois, ceux-ci n’avaient pas forcément besoin du schéma hypnotique pour suivre la volonté de leurs maîtres. En effet, contrairement aux peuples de la Terre et de l’Eau, qui vivent rassemblés dans leur village, les tribus du Vent et du Feu se sont dispersés et vivaient tant bien que mal parmi les humains. Pour la plupart, ils ont souffert du rejet et de la persécution, en raison de leur différence, et rêvaient d’une vie meilleure. Higa et Kaede leur offrent l’espoir d’une nouvelle existence dans laquelle ils se sentent enfin utiles.

Le schéma hypnotique de Kayano ne modifie pas la personnalité des individus touchés. Il agit plutôt comme une influence qui modifie leur jugement et leur donne un objectif à atteindre : le réveil des 88 monstres. Ceux-ci détruiront les hommes et permettront au peuple de Kegaï, mis au ban de la société, de retrouver une place dans la lumière. Toutefois, l’envoûtement de Kayano n’est pas absolu et n’empêche pas les remises en question. On le remarque dès le deuxième volume de Kamikaze, au moment de la libération des premiers monstres. En assistant à la violence des monstres, qui ne font pas de différence entre les humains et le peuple de Kegaï, les hommes de Kaede et Higa se mettent à douter du bien-fondé de leurs actes. Souhaitaient-ils vraiment aller aussi loin ? Le secret entourant les monstres contribue également à la remise en question de la volonté de leurs chefs.

On peut se demander pourquoi Kayano n’a pu mettre en place son schéma hypnotique que sur les tribus du Feu et du Vent. Pourquoi les tribus de l’Eau et de la Terre sont-elles épargnées ? C’est peut-être en raison de leurs caractéristiques qui les immunisent contre les pouvoirs manipulateurs de Kayano. Les hommes de la Terre sont réputés obstinés et forts mentalement, alors que les personnes de l’Eau sont pacifistes et se refusent à l’utilisation de la violence.

Un autre pion essentiel du plan de Kayano n’est autre que Bishagatsuku, sa « fille », qu’il a créée pour remplir un rôle bien précis. Tout en ignorant sa véritable identité, elle devait rencontrer, sympathiser et devenir la meilleure amie de la fille de l’Eau dans le but de localiser le Torii de l’Eau, réputé introuvable. Toutefois, les choses ne se sont pas passées comme Kayano l’avait planifié.

En effet, orpheline suite à un accident, Misao vivait à l’écart de sa tribu. Elle ignorait donc l’emplacement de son Torii. De plus, si Bishagatsuku, sous l’identité de Keiko Masé, a bien rencontré Misao, l’amitié les unissant a finalement supplanté le pouvoir maléfique du sang du Néant. Keiko a choisi de renier son père et de renoncer à une existence faite de colère, de violence et de destructions, prouvant que le sang du Néant ne menait pas nécessairement à la haine.

Les raisons d’un retour à la normale

Élément essentiel du tournant abordé dans les volumes 5 et 6 du manga, le retour à la raison de Higa, Kaede et leurs hommes demeure assez obscur. Différentes pour Higa et Kaede, les circonstances dans lesquelles il s’est produit n’aident pas à comprendre. Le cas de leurs hommes est un peu part, puisqu’ils avaient commencé à remettre en cause les 88 monstres très tôt dans le récit. En filigrane, on devine toutefois le rôle essentiel de Misao Mikogami dans la suppression du conditionnement de Kayano.

Commençons par étudier le cas de Higa. Celui-ci retrouve ses esprits au cours de son combat contre Misao sur la terre de la tribu du Feu. Au milieu d’un duel violent aux allures de test, Higa tombe maladroitement dans l’eau, avant de se demander « Où et à quel moment nous sommes-nous trompés de chemin ? ». C’est à ce moment précis que l’envoûtement de Kayano cesse son emprise sur lui. Loin d’être anodine, sa chute dans l’eau est visiblement l’élément déclencheur de sa libération. Il s’agit certainement d’un effet du pouvoir de Misao, bien que cela ne soit jamais explicitement dit. Les conditions du réveil de Kaede viendront confirmer cette hypothèse par la suite. On peut penser que Zen a fait venir Misao sur la terre du Feu pour qu’elle soigne son père.

Le cas de Kaede est un peu plus compliqué. Elle passe effectivement par un état intermédiaire que Higa ne connaît jamais. Lorsque l’on retrouve Kaede après l’ouverture de son Torii, elle semble enjouée, innocente et naïve, comme si elle était revenue en enfance. Elle a même oublié ses actions récentes, comme le meurtre de Sae, qu’elle espère revoir bientôt. Quand Kamuro vient à sa rencontre, il déclare que « quelqu’un » lui a retiré l’essence de ses pouvoirs. La mise en case laisse à penser que ce « quelqu’un » n’est autre que Kayano, mais on n’en saura jamais davantage à ce sujet. N’ayant plus besoin de la femme du vent, l’aurait-il affaiblie pour qu’elle ne représente pas une menace trop importante ? Son retour en enfance serait alors la manifestation d’un nouveau maléfice du chef de la tribu du Néant.

Kaede retrouve ses esprits à son réveil dans le volume 6 de Kamikaze. Elle déclare alors que l’eau de Sae l’a libérée du conditionnement hypnotique de Kayano. Toutefois, il apparaît plus probable que c’est en réalité Misao qui l’a soignée. En effet, Sae est morte et, si elle avait pu guérir Kaede, elle l’aurait vraisemblablement fait avant. D’autre part, le réveil de Kaede succède aux nombreux sauvetages, guérisons et rappels à la vie entrepris par Misao pour aider toutes les victimes des monstres. A l’image de Kikunosuke qui retrouve ses esprits et s’oppose aux monstres grâce à son action, Kaede a très bien pu être soignée à ce moment par la fille de l’Eau. Misao étant l’héritière de Sae, la confusion faite par Kaede est compréhensible.

Le péché d’un clan

La tribu de la Terre vit dans un village implanté dans leur terre natale. Ses habitants mènent une vie rurale à l’écart de la société humaine. Ils sont élevés dans un esprit de devoir et de sacrifice et sont prêts à mourir ou à sacrifier d’autres personnes pour leur tribu. Deux missions leur sont confiées : la sauvegarde de leur Torii et la protection de la fille de l’Eau.

Il semblerait que le chef de la tribu de la Terre soit toujours un homme et que ce statut se lègue de père en fils. La succession consiste en une cérémonie au cours de laquelle le nouveau chef décapite son prédécesseur avec le sabre Kamikaze. Cet acte permet au sabre Kamikaze de renforcer sa force spirituelle, et au nouveau chef d’augmenter ses capacités. Si le père de Kamuro a refusé de se plier à cette tradition, Kamuro, lui, devra tuer son grand-père Daïdara pour obtenir la force nécessaire à l’élimination des monstres. Cette tradition permet au chef de la tribu de se nourrir de la force de ses prédécesseurs et de devenir plus fort à chaque génération, dans le but de préparer le second conflit millénaire.

Ce rite de succession illustre à lui seul toute la problématique de la tribu de la terre. Conditionnés par leur éducation, ses membres sont prêts à tout, même au pire (et notamment au parricide), pour vaincre la volonté de Kayano. Même le sacrifice de sa propre personne est envisageable si cela peut servir la cause de la tribu. Dans son combat décisif contre Kayano, Ishigami se battra de toutes ses forces et s’exposera afin de pouvoir infliger des blessures importantes à son adversaire. La tribu de la Terre n’est certes pas soumise au conditionnement hypnotique de Kayano comme les tribus du Feu et du Vent mais, tout comme eux, ils ont tué des proches (son grand père pour Kamuro, la femme qui l’a élevée pour Kaede), parfois même des innocents (à l’image des humains qu’Ishigami refuse de protéger dans le premier tome). Comme le dit Kamuro dans le volume 6, « ils portent le poids du même péché ».

Les tribus de la Terre et de l’Eau s’opposent quant à leur façon d’agir dans le conflit millénaire et, de fait, se complètent. Les premiers agissent par les armes, pour tuer et protéger ce qui doit l’être, quel qu’en soit le prix. Les seconds, eux, sont pacifiques, restent à l’écart des combats et utilisent leurs pouvoirs pour soigner et apaiser. Toute leur dualité est illustrée par la différence de sexe de leurs chefs respectifs.

Le fait que le chef de la tribu de la Terre doive assurer la protection du chef de la tribu de l’Eau laisse à penser que cette dernière a un rôle essentiel à jouer dans le conflit millénaire à venir et qu’il faut la préserver dans cette perspective. Effectivement, le salut ne viendra pas de Kamuro Ishigami. Même le pouvoir des deux sabres Kamikaze face à un Kayano résolu à mourir ne suffira pas. La fin du conflit ne sera pas obtenue par le sang, mais par l’eau qui apaisera les âmes en colère. Avec la mort d’Ishigami, la tribu de la Terre s’éteint. Aurait-elle payé le prix de ses péchés ?

Un rôle purificateur

Si les pouvoirs de l’Eau peuvent être redoutables au combat, ce n’est pas leur rôle premier. Comme le dit Sae, la grand-mère de Misao, les membres de la tribu de l’Eau sont avant tout pacifistes et restent à l’écart des combats. Ainsi, si Misao affronte et élimine plusieurs monstres, elle utilise plus souvent ses pouvoirs pour guérir et défendre. Dans le premier volume, ceux-ci n’apparaissent-ils pas pour soigner et protéger plutôt que pour combattre ? De même, dans le volume 6, Misao effectue une intervention à grande échelle où sa force vient au secours de toutes les victimes des monstres. Elle montre ainsi qu’elle a bien compris quel était son rôle, en tant que chef de sa tribu.

Les pouvoirs de Misao ne guérissent pas uniquement les blessures physiques. Ils peuvent également apaiser les fêlures de l’âme. C’est dans cette deuxième utilisation que la force de l’Eau joue un rôle déterminant dans le conflit. Misao est ainsi vraisemblablement à l’origine du retour à la raison de Higa, Kaede et leurs hommes.

A l’image de la tribu de la Terre dont elle est en quelque sorte le complément, la tribu de l’Eau donne à son chef un pouvoir qui grandit génération après génération. Quand le précédent chef de la tribu vient à mourir, son âme rejoint l’esprit protecteur de la terre de l’Eau. Bien que le rôle avoué de ce gardien soit de protéger le Torii de l’Eau, sa réelle nature est d’apaiser les âmes blessées et de les accueillir en lui. Le protecteur du Torii de l’eau sommeille en permanence dans la mer et se réveille si la terre de l’Eau est menacée.

A la fin du manga, Misao rejoint elle aussi l’esprit protecteur. Elle y retrouve sa grand-mère qui lui apprend la véritable nature de la tribu de l’Eau et de son gardien. Sae confie alors à Misao qu’elle est la dernière personne de sa tribu. Avec elle, celle-ci vit ses derniers instants et voit son rôle se terminer. En d’autres termes, le dénouement du conflit millénaire qui vit alors ses derniers instants sera total. Soit Kayano vaincra, soit il sera vaincu.

Le premier conflit s’était terminé avec l’enfermement des bêtes qui, au bout de compte, ne faisait que repousser l’échéance. Mille ans plus tard, chacun des camps en présence s’est renforcé et s’est préparé à un nouveau combat. L’issue de celui-ci est sans appel. Sous la forme du gardien de sa tribu, Misao emmène avec elle au fond des eaux les âmes des monstres et de Kayano et calme leurs souffrances. La haine et le désespoir du chef de la tribu du Néant sont anéantis et ses monstres n’ont plus de raison d’exister. Ainsi apaisé, Kayano est prêt à se réincarner pour enfin vivre. L’esprit protecteur de l’Eau, et Misao avec lui, restera sous l’eau à veiller sur l’humanité.

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