Satoshi Shiki et le light novel

J’évoque régulièrement le light novel sur SSF, principalement pour les adaptations en manga que Satoshi Shiki dessine, telle que celle de The Devil Princess qui l’occupe actuellement. Mais de quoi s’agit-il exactement et quelles ont été les contributions du mangaka à ce domaine ?

À la découverte du light novel

Qu’est-ce qu’un light novel ?

Abrégé en “ranobe” au Japon (d’après la prononciation japonaise « raito noberu ») et LN dans les pays occidentaux, le light novel est un type de roman japonais. Avec une moyenne de trois cents pages et un style d’écriture simple, qui privilégie les dialogues aux descriptions, il a vocation à être accessible et facile à lire. Il constitue donc une lecture divertissante pour le public d’adolescents et de jeunes adultes qu’il cible.

Le plus souvent, les light novels sont illustrés. En début de tome, des pages couleur présentent les personnages et permettent au lecteur de leur donner un visage. À l’intérieur, des illustrations en noir en blanc mettent en relief les temps forts du récit. Dans la plupart des cas, les dessinateurs sont nommés sur la couverture, aux côtés de l’écrivain.

Couverture japonaise du tome 1 du light novel La Mélancolie de Haruhi Suzumiya
Couverture japonaise du tome 1 du light novel La Mélancolie de Haruhi Suzumiya
Couverture française du tome 1 du light novel Re:Zero
Couverture française du tome 1 du light novel Re:Zero

À l’instar des intrigues, personnages et ressorts narratifs, les illustrations créent une parenté directe avec le manga et l’animation japonaise, dont elles reprennent les codes et certains lieux communs. Le light novel vise ainsi le même public. Le jeu des adaptations dans un sens ou dans l’autre, qui permet aux amateurs de prolonger leur expérience dans un univers ou avec des personnages auxquels ils sont attachés, participe également à cette synergie.

Extrait de Shikkoku no Senki - Shadowrun Novel First Run
Extrait du light novel Shikkoku no Senki – Shadowrun Novel First Run (illustré par Satoshi Shiki)
Extrait de Ken no Kuni no Mahô Senshi - Sword World Novel
Extrait du light novel Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel (illustré par Satoshi Shiki)

Quelques mots sur l’histoire du light novel

La naissance du light novel est généralement associée à la création de la collection Sonorama Bunko de l’éditeur Asahi Sonorama, en 1975. Proposant des romans d’horreur, de science-fiction ou de suspense, celle-ci s’inscrivait dans la lignée des pulps, littérature populaire dont la forme, pouvant inclure des illustrations, s’approchait déjà de ce que serait le light novel.

La premier roman de Sonorama Bunko était une adaptation de Space Battleship Yamato, écrite par Arashi Ichizu d’après l’œuvre originale de Leiji Matsumoto, Yoshinobu Nishizaki et Eiichi Yamamoto. D’autres titres connus ont fait partie du catalogue de la collection : Crusher Joe (écrit par Haruka Takachiho et illustré par Yoshikazu Yasuhiko), Vampire Hunter D (écrit par Hideyuki Kikuchi et illustré par Yoshitaka Amano) ou ARIEL (écrit par Yuichi Sasamoto et illustré par Masahisa Suzuki), par exemple.

Couverture du roman Space Battleship Yamato
Couverture du roman Space Battleship Yamato
Couverture du roman Vampire Hunter D
Couverture du roman Vampire Hunter D
Couverture du tome 1 du roman ARIEL
Couverture du tome 1 du roman ARIEL

La dénomination “light novel” serait quant à elle apparue en 1990 sur un forum de fantasy et de science-fiction. C’est Keita Kamikita, l’administrateur de ce forum, qui aurait été le premier à appeler ainsi ce type de roman.

De par leur succès et le retentissement de leurs adaptations, en animation notamment, des titres comme Slayers (écrit par Hajime Kanzaka et illustré par Rui Araizumi), Boogiepop (écrit par Kouhei Kadono et illustré par Kouji Ogata), La Mélancolie de Haruhi Suzumiya (écrit par Nagaru Tanigawa et illustré par Noizi Ito) et Shagukan no Shana (écrit par Yashichiro Takahashi et illustré par Noizi Ito) peuvent être considérés comme fondateurs pour le support.

Aujourd’hui, l’éditeur majeur de light novels au Japon est Kadokawa (qui regroupe des entités telles qu’ASCII Media Works, Fujimi Shobo et Kadokawa Shoten) au travers de ses collections Sneaker Bunko et Dengeki Bunko.

Couverture du light novel Slayers
Couverture du light novel Slayers
Couverture du light novel Boogiepop and Others
Couverture du light novel Boogiepop and Others
Couverture du tome 1 du light novel Shagukan no Shana
Couverture du tome 1 du light novel Shagukan no Shana

La publication des light novels au Japon

Une partie des light novels fonctionne avec un système de publication similaire à celui des mangas. D’abord prépubliés dans des magazines spécialisés, tels que The Sneaker (édité par Kadokawa Shoten jusqu’en 2011), Faust (édité par Kôdansha jusqu’en 2011), Dengeki Bunko Magazine (édité par ASCII Media Works, puis Kadokawa jusqu’en 2020) ou Dragon Magazine (édité par Fujimi Shobo), ils sortent ensuite sous la forme d’un volume compilant plusieurs chapitres. Selon les intentions de l’auteur et le succès de son récit, un light novel peut durer plusieurs tomes.

D’autres romans de ce type ne passent pas au préalable par un magazine. Ils peuvent être directement publiés sous forme de volume relié ou connaître une première vie sur des plateformes en ligne. C’est par exemple le cas des travaux de Harunohi Biyori, auteur de The Devil Princess, qu’il publie à son compte sur le site Shôsetsuka ni Narô (équivalent japonais de Wattpad) avant que des éditeurs ne sortent les tomes. Il n’est pas le seul dans ce cas, puisque des succès comme Log Horizon (écrit par Mamare Touno et illustré par Kazuhiro Hara) ou The Irregular at Magic High School (écrit par Tsutomu Sato et illustré par Kana Ishida) ont suivi le même parcours.

Couverture du magazine The Sneaker
Couverture du magazine The Sneaker
Couverture du magazine Faust
Couverture du magazine Faust
Couverture du magazine Dengeki Bunko Magazine
Couverture du magazine Dengeki Bunko Magazine

La place du light novel dans la culture populaire japonaise

Depuis des années, les light novels sont une source privilégiée pour la création de mangas et de séries animées. Durarara!! (écrit par Ryohgo Narita et illustré par Suzuhito Yasuda), Sword Art Online (écrit par Reki Kawahara et illustré par Abec) ou No Game No Life (écrit et illustré par Yuu Kamiya) ont par exemple été déclinés en bande dessinée et en animation à partir de tels romans.

C’est également le cas de la plupart des titres du genre « isekai », très en vogue au Japon ces dernières années, dans lequel le protagoniste est transporté ou réincarné dans un autre monde, le plus souvent de fantasy.

Couverture japonaise du tome 1 du light novel Durarara!!
Couverture japonaise du tome 1 du light novel Durarara!!
Couverture japonaise du tome 1 du light novel Sword Art Online
Couverture japonaise du tome 1 du light novel Sword Art Online
Couverture du tome 1 du light novel No Game No Life
Couverture du tome 1 du light novel No Game No Life

Le light novel s’inscrit également comme un format supplémentaire dans les stratégies cross-média que les éditeurs déploient. Dans ce cadre, les sorties sur les différents supports se synchronisent et se répondent. Je peux citer l’exemple de The Devil Princess, dont les parutions des mangas et romans coïncident. La prépublication du manga a commencé quelques jours avant la sortie du premier roman, le deuxième roman est sorti un mois après le premier tome du manga, le troisième roman est sorti un mois après le deuxième tome du manga et j’anticipe qu’il en ira de même pour la parution du quatrième roman et du troisième tome du manga.

Dans l’autre sens, le light novel est aussi utilisé pour développer l’univers de certains mangas. Cela peut permettre la création d’histoires parallèles, de préquelles ou de séquelles dans l’objectif d’entretenir et de faire fructifier au maximum les succès du moment. Des titres comme Naruto, Tokyo Ghoul ou L’Attaque des Titans (notamment avec Before the Fall, adapté en manga par Satoshi Shiki) ont connu de telles déclinaisons, sorties en français par les mêmes éditeurs que les mangas respectifs.

Couverture japonaise du light novel Naruto - Dokonjo Ninden
Couverture japonaise du light novel Naruto – Dokonjo Ninden
Couverture japonaise du light novel Tokyo Ghoul Moments
Couverture japonaise du light novel Tokyo Ghoul Moments

La situation du light novel en France

À l’instar des mangas, des light novels sont traduits et publiés en France. Certains éditeurs comme Ofelbe ou LaNovel Édition en ont fait leur spécialité, quand d’autres comme Pika Édition leur consacrent une collection. Grâce à leur travail, des titres comme Ascendance of a Bookworm – La Petite Faiseuse de Livres (écrit par Miya Kazuki et illustré par You Shiina), A Certain Magical Index (écrit par Kazuma Kamachi et illustré par Kiyotaka Haimura), Re:Zero (écrit par Tappei Nagatsuki et illustré par Shinichirou Otsuka), Overlord (écrit par Kugane Murayama et illustré par So-bin), Spice & Wolf (écrit par Isuna Hasekura et illustré par Jyuu Ayakura) ou Bakemonogatari (écrit par NisiOisiN et illustré par Vofan) ont pu sortir en version française.

Couverture française du tome 1 du light novel Ascendance of a Bookworm - La Petite Faiseuse de Livres
Couverture française du tome 1 du light novel Ascendance of a Bookworm – La Petite Faiseuse de Livres
Couverture française du tome 1 du light novel Overlord
Couverture française du tome 1 du light novel Overlord
Couverture française du tome 1 du light novel Bakemonogatari
Couverture française du tome 1 du light novel Bakemonogatari

Il arrive également qu’un éditeur sorte le manga et le light novel dont il est adapté. C’est le cas de Meian, avec Konosuba – Sois béni monde merveilleux (écrit par Natsume Akatsuki et illustré par Kurone Mishima), de Kurokawa avec Moi, quand je me réincarne en slime (écrit par Fuse et illustré par Mitz Vah) ou de Mahô avec Berserk of Gluttony (écrit par Ichika Isshiki et illustré par Fame).

Enfin, certains éditeurs plus généralistes proposent quelques light novels au sein de leur catalogue, comme Lumen avec Les Carnets de l’Apothicaire (écrit par Natsu Hyuuga et illustré par Touko Shino).

Couverture française du tome 1 du light novel Konosuba - Sois béni monde merveilleux
Couverture française du tome 1 du light novel Konosuba – Sois béni monde merveilleux
Couverture française du tome 1 du light novel Moi, quand je me réincarne en Slime
Couverture française du tome 1 du light novel Moi, quand je me réincarne en Slime
Couverture française du tome 1 du light novel Les Carnets de l'Apothicaire
Couverture française du tome 1 du light novel Les Carnets de l’Apothicaire

Les light novels adaptés en manga par Satoshi Shiki

Dans le domaine du light novel, Satoshi Shiki est surtout connu pour avoir dessiné certaines adaptations en manga. Je vais les citer brièvement, sachant que ces titres et leurs auteurs sont présentés plus en détail dans les rubriques et articles dédiés sur SSF.

Malgré le fait que Gakuto Mikumo soit connu pour ses light novels comme The Mystic Archive of Dantalian, Asura Cryin’ ou Strike the Blood, je n’évoquerai pas Genjûza ici. En effet, ce roman adapté en manga par Satoshi Shiki n’est pas considéré comme un light novel, car il fait partie de la collection Kodansha Novels, qui regroupe la littérature générale de Kôdansha.

Persona X Detective Naoto

C’est à la fin de l’année 2012 que Satoshi Shiki commence à dessiner sa première adaptation d’un light novel. Dans les pages du magazine Dengeki Maoh de l’éditeur ASCII Media Works, il s’attaque à Persona X Detective Naoto, un récit dérivé du jeu vidéo Persona 4. Ce premier travail n’est pas couronné de succès, puisque, malgré une prépublication complète, seuls deux tomes sur trois voient le jour.

À la base de cette déclinaison, se trouve un light novel écrit par Natsuki Mamiya et illustré par Shuji Sogabe et Shigenori Soejima. Se déroulant après les événements du jeu vidéo, celui-ci fait du personnage de Naoto son protagoniste, enquêtant sur des disparitions au sein du lycée Yagokoro.

Le light novel Persona X Detective Naoto a été publié par ASCII Media Works dans la collection Dengeki Bunko en juin 2012.

Couverture du light novel Persona X Detective Naoto
Couverture du light novel Persona X Detective Naoto
Couverture du tome 1 du manga Persona X Detective Naoto
Couverture du tome 1 du manga Persona X Detective Naoto

En savoir plus sur Persona X Detective Naoto

L’Attaque des Titans – Before the Fall

Entre 2013 et 2019, Satoshi Shiki dessine les dix-sept tomes de L’Attaque des Titans – Before the Fall dans les pages du magazine Shônen Sirius de Kôdansha. Il s’agit de l’adaptation en manga d’un light novel écrit par Ryô Suzukaze et illustré par Thores Shibamoto.

Se présentant comme une préquelle de L’Attaque des Titans, le manga à succès de Hajime Isayama, ce roman revient sur la création du dispositif de manœuvre tridimensionnelle, déterminant dans le combat de l’humanité contre les titans, et sur le parcours de Kyklo, un enfant né dans les régurgitations d’un titan.

Le light novel compte trois tomes, sortis entre décembre 2011 et juin 2012 dans la collection Lanove Bunko de Kôdansha. Seul le premier a été édité en France par Pika Édition, tandis que le manga dessiné par Satoshi Shiki est disponible intégralement en édition standard et en cours de publication en édition colossale (réédition en volumes triples et en grand format, quatre tomes sont sortis sur les six prévus) chez le même éditeur.

Couverture japonaise du tome 1 du roman L'Attaque des Titans - Before the Fall
Couverture japonaise du tome 1 du roman L’Attaque des Titans – Before the Fall
Couverture japonaise du tome 1 du manga L'Attaque des Titans - Before the Fall
Couverture japonaise du tome 1 du manga L’Attaque des Titans – Before the Fall

En savoir plus sur L’Attaque des Titans – Before the Fall

The Devil Princess

Enfin, le light novel qui fait l’actualité de Satoshi Shiki en ce moment, c’est The Devil Princess. Depuis mai 2022, le mangaka dessine l’adaptation de ce roman écrit par Harunohi Biyori.

Racontant le quotidien d’une princesse démoniaque réincarnée dans le corps d’une lycéenne par conséquent plus si ordinaire, le light novel est d’abord publié sur la plateforme Shôsetsuka ni Narô, avant d’être édité par Kôdansha dans la collection Lanove Bunko, sous forme de volumes illustrés par Geso Umiu.

À l’heure actuelle, le roman compte trois volumes et le manga deux.

Couverture du tome 1 du roman The Devil Princess
Couverture du tome 1 du roman The Devil Princess
Couverture du tome 1 du manga The Devil Princess
Couverture du tome 1 du manga The Devil Princess

En savoir plus sur The Devil Princess

Les light novels illustrés par Satoshi Shiki

Dans le domaine du light novel, Satoshi Shiki n’est pas uniquement le mangaka d’adaptations. Dans les premières années de sa carrière, il a également prêté ses talents d’illustrateur à deux titres.

Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel

En 1993, parallèlement à la publication de Riot, Satoshi Shiki illustre Ken no Kuni no Mahô Senshi, un light novel écrit par Ryo Mizuno (auteur des Chroniques de la Guerre de Lodoss).

Situé dans l’univers du jeu de rôle Sword World, le récit s’attache à un mage désinvolte qui doit dénouer les fils d’une conspiration au sein de sa guilde.

Ken no Kuni no Mahô Senshi a été publié le 3 février 1993 dans la collection Fantasia Bunko de Fujimi Shobo.

Couverture de Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel
Couverture de Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel
Extrait de Ken no Kuni no Mahô Senshi - Sword World Novel
Extrait de Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel

En savoir plus sur Ken no Kuni no Mahô Senshi – Sword World Novel

Shikkoku no Senki – Shadowrun Novel First Run

Trois ans plus tard, Satoshi Shiki reste dans le domaine du jeu de rôle pour le second light novel qu’il illustre. Également publié par Fujimi Shobo dans la collection Fantasia Bunko, Shikkoku no Senki place le lecteur dans l’univers entre fantasy et cyberpunk de Shadowrun.

Écrit par Akira Egawa, le light novel est sorti le 20 septembre 1996 au Japon.

Couverture de Shikkoku no Senki - Shadowrun Novel First Run
Couverture de Shikkoku no Senki – Shadowrun Novel First Run
Extrait de Shikkoku no Senki - Shadowrun Novel First Run
Extrait de Shikkoku no Senki – Shadowrun Novel First Run

En savoir plus sur Shikkoku no Senki – Shadowrun Novel First Run

Sources et liens

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *